La cocaïne est le produit illicite le plus consommé après le cannabis, même si sa consommation est très inférieure à ce dernier. Si son expérimentation concerne dix fois moins de personnes, elle constitue néanmoins une toxicomanie inquiétante, car chez les 18-64 ans elle a été multipliée par quatre en deux décennies (passant de 1,2 % en 1995 à 5,6 % en 2017). La proportion d’usagers dans l’année a également fortement augmenté ; de 0,3 % en 2000, elle est passée à 1,1 % en 2014, puis à 1,6 % en 2017. Cette diffusion n’est plus cantonnée à des catégories sociales aisées. Une « démocratisation » manifeste, liée à la baisse de son prix, lui fait atteindre désormais plusieurs strates de la société ; ce phénomène se trouve aggravé par l’intrusion du crack.
Le crack est la forme base de la cocaïne, insoluble dans l’eau, qui se volatilise sans altération à une température de ≈ 90°C, ce qui permet de le fumer. Ceci le distingue du chlorhydrate de cocaïne (« la neige »), soluble dans l’eau, qui peut être sniffé/prisé, ingéré ou injecté, mais ne peut être fumé car, se volatilisant à ≈180°C, il subit une importante détérioration. Etant fumée, la cocaïne du crack arrive très rapidement au cerveau, où elle induit des modifications neurobiologiques soudaines, à l’origine du « flash », du « shoot », recherché par ses consommateurs ; facteur qui majore leur appétence pour la cocaïne.
Le crack devient abondant en raison d’une production andine croissante et d’une plus grande étanchéité de la frontière entre le Mexique et les U.S.A. ; de ce fait il reflue sur les Caraïbes, l’Afrique, le Maroc, et de là, par l’Espagne, il diffuse sur l’Europe. Son prix est nettement moindre que celui du chlorhydrate de cocaïne. Le prix des deux formes de cette même drogue est inversement proportionnel à leur abondance et à leur accessibilité. Plus les saisies sont importantes, plus le prix devrait s’accroitre ; or, du fait de son abondance croissante, il continue de diminuer…
Les consommateurs de crack s’assemblent sur les lieux de deal (à Paris – « le Staline crack » ou « les jardins d’Eole ») ; où ils « pourrissent » l’atmosphère du quartier et suscitent l’ire des riverains. Outre une chasse résolue aux trafiquants à l’origine de l’approvisionnement, une traque intense des dealers rassemblés sur ces lieux doit être exercée par la police en civil.
Les allocations « en espèces » versées aux toxicomanes, devraient être remplacées par des aides en nature, dédiées au logement, aux vêtements, aux bons de nourriture (utilisables dans les seuls magasins ne vendant ni vin ni spiritueux).
Des foyers et restaurants associatifs doivent devenir les champs d’action de psychologues, de médecins, d’addictologues qui dispenseraient aux toxicomanes, dans des pièces attenantes, des soins (somatiques, psychologiques, psychiatriques) et qui les aiguilleraient vers d’autres structures (ce qui n’a rien à voir avec les « salles de shoots »).
La détention et la consommation de ces drogues, parce qu’elles sont illicites, permettraient de déclencher une procédure judiciaire conduisant à une injonction de soins en milieu fermé. Seraient alors distingués : les psychotiques (dont le crack aggrave l’état) qui seront pris en charge dans des hôpitaux psychiatriques ; et les autres consommateurs, accidentés de la vie ou expérimentateurs à l’origine sans grands problèmes, qui se sont fait piéger ; ils seraient accueillis dans des structures spécifiques, en un milieu fermé, imperméable aux drogues.
Le sevrage y serait pratiqué en préparant simultanément leur réinsertion sociale ; ces centres affichant une ambition authentiquement médicale et humaniste ; à l’opposé de la démission prônée par certains médecins ou psychologues qui, excipant sans vergogne de leur diplôme, militent pour la légalisation de toutes les drogues et la généralisation des salles de shoots. Notons que l’Académie nationale de médecine, comme celle de pharmacie, les déclarent inopportunes et en contradiction avec l’éthique médicale.
Les « crackers » entrés en France par effraction, en suivant le chemin de la drogue qu’ils consomment et qu’ils diffusent, devraient être reconduits dans leurs pays d’origine, surtout s’ils sont arrivés en étant déjà dépendants. Notre nation, très démunie pour la prise en charge de ses propres citoyens toxicomanes, n’a aucune latitude pour accueillir des sujets dépendants étrangers, qui contribuent à l’aggravation de cette toxicomanie en France.
Sur un mode pavlovien, le toxicomane établit une association entre drogue et plaisir ; cette association devient bientôt : drogue et soulagement du besoin tyrannique qu’elle a instauré. L’adoucissement du contexte de la consommation, qui est un des buts des « salles de shoots », est de nature à renforcer l’ancrage du « crackophile » dans sa « crackophilie ». A l’opposé, le « sevrage sec » fait associer l’idée de la drogue aux inconforts intenses et même aux souffrances qui résultent de sa privation. Il est injustement décrié, alors qu’il a donné un nombre significatif de bons résultats.
Des vulnérabilités d’origine génétique, ainsi qu’épigénétiques, expliquent l’accrochage très rapide au crack de certains de ses consommateurs. En France, les consommations importantes de cannabis et de cocaïne semblent corrélées. En effet, la consommation parentale de cannabis induit chez l’enfant via des mécanismes épigénétiques, une raréfaction des récepteurs D2 de la dopamine dans son noyau accumbens (ou striatum ventral, sorte de centre du plaisir). Cette raréfaction induit à l’adolescence une vulnérabilité aux toxicomanies, que les parents aient consommé du cannabis avant de procréer ou que les mamans aient consommé cette drogue pendant la grossesse.
Des expériences récentes, réalisées chez le Rat, montrent que l’administration de cannabis (THC), par un effet épigénétique, accroît l’appétence ultérieure de l’animal pour la cocaïne (et dans d’autres expériences, pour l’héroïne). Les effets que ces drogues font alors éprouver sont plus intenses, comme l’est, de ce fait, leur pouvoir d’accrochage. Ces effets épigénétiques du THC mettent à mal les arguments de ceux qui contestent encore l’escalade des toxicomanies.
Pour lutter contre l’invasion du crack et des autres drogues qui minent notre jeunesse et notre société, il importe de ne légaliser ni le cannabis, ni aucune autre drogue et de faire régresser, autant qu’il est possible, l’addiction au tabac et à l’alcool, premières marches de cette funeste escalade qui mène à la cocaïne et à l’héroïne.
Prochain Article : G – Identifier les nouvelles drogues et leurs origines et H – Suggestions supplémentaires le 1er Juillet
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