La consommation trop régulière de cannabis à des fins récréatives peut aboutir à une pharmacodépendance aggravée par l’utilisation conjointe d’autres substances psychotropes à potentiel addictif élevé. L’arrêt de la toxicomanie conduit à un syndrome de manque dont font partie les troubles du sommeil souvent préoccupants. L’exercice aérobie quotidien semble être à même d’atténuer ces derniers selon les résultats (préliminaires) d’un petit essai randomisé dans lequel ont été inclus 31 patients désireux de mettre un terme à leur dépendance et confrontés à un syndrome de manque.

Deux groupes ont été constitués par tirage au sort et soumis à un protocole en trois phases consécutives : (1) quatre jours (quatre nuits) à domicile : état basal ; (2) six jours en milieu hospitalier (cinq nuits) : phase thérapeutique avec pendant six jours ou bien une séance d’exercice aérobie quotidienne supervisée sur bicyclette ergométrique (à 60 % de la capacité aérobie maximale) d’une durée de 35 minutes, ou bien des exercices d’élongation sans contrainte ; (3) trois jours (quatre nuits) à domicile : phase post-thérapeutique.

La qualité du sommeil a été évaluée de manière objective par actigraphie du poignet pendant la phase thérapeutique, chaque participant donnant égalemement son avis sur ce point.
Avantage à la bicyclette
A l’état basal, aucune différence intergroupe significative n’était détectée quant à l’évaluation objective ou subjective du sommeil. Dans le groupe contrôle (n=19), le délai d’endormissement au cours de la phase thérapeutique a augmenté de manière significative par rapport à l’état basal (p = 0,042).

En revanche, l’exercice aérobie quotidien (n=12) n’a eu que des effets bénéfiques sur le sommeil, qu’il s’agisse de l’augmentation de sa durée (p = 0,008) ou de son efficacité (p = 0,023) par rapport à l’état basal. La comparaison intergroupe est également en faveur de l’exercice aérobie : durée du sommeil (p = 0,005) et diminution de la fréquence moyenne des réveils nocturnes (p = 0,040), le seuil de signification statistique étant presque atteint pour ce qui est de l’efficacité du sommeil (p = 0,051). Les participants n’ont pas cependant perçu de différence entre les protocoles concernant leur sommeil.

Au total il semble que les troubles du sommeil induits par l’arrêt du cannabis pourraient être combattus par l’exercice aérobie quotidien même d’intensité modérée. D’autres études portant sur des effectifs plus importants devraient confirmer ces résultats qui pour être préliminaires, n’en sont pas moins plausibles.

Dr Philippe Tellier

RÉFÉRENCE McCartney D et coll. : The effect of daily aerobic cycling exercise on sleep quality during inpatient cannabis withdrawal: A randomised controlled trial. J Sleep Res. 2021 ; 30(3):e13211. doi: 10.1111/jsr.13211. Copyright © htt