L’Irlande, l’Australie et la Nouvelle-Zélande ont programmé l’éradication du tabac, s’accordant

un délai de 20 à 30 ans pour laisser aux uns le temps de s’en désintoxiquer et aux autres le temps d’en mourir. Une semblable détermination doit s’appliquer dès maintenant en France,  pour prévenir l’enrôlement de nouvelles jeunes recrues. Le Président Emmanuel Macron ambitionne de parvenir à une génération sans tabac en 2030, alors qu’actuellement un quart de nos concitoyens fument quotidiennement et que nos adolescents fument de plus en plus précocement. Cette ambition devrait constituer un impératif catégorique pour des politiciens attentifs à la longévité et à la qualité de vie de leurs électeurs.

En France, où le tabac tue chaque année 75.000 des nôtres (soit près de 10% des décès annuels), engendrant de multiples handicaps qui altèrent la qualité de vie des survivants et grèvent le budget de la sécurité sociale ; la lutte anti-tabagique doit être érigée en une grande cause nationale.

Un programme d’éducation civique sanitaire doit être mis en oeuvre dès l’école primaire, mettant en place une prévention précoce, imprimant plusieurs recommandations dans l’esprit très réceptif des enfants. Ultérieurement il faudra renforcer cette prévention en s’appuyant sur les neurosciences, l’épidémiologie, la clinique.

Il faut marteler que le tabac est le seul produit en vente libre qui tue, à plus ou moins long terme, un sur deux de ses consommateurs ; que l’espérance de vie d’un fumeur est réduite en moyenne de vingt à vingt-cinq ans ; que le tabac est la première cause de mort évitable ; qu’il tue chaque jour 205 Français, soit 23 fois plus que la route ; qu’avant de tuer, et même sans tuer, il altère à des degrés divers la qualité de vie des fumeurs. Quand le fumeur invétéré fume sa nième cigarette de la journée, s’il en ressent encore un peu de plaisir, celui-ci est très faible, relativement aux risques nombreux qu’il encourt. On dénombre 13 millions de fumeurs quotidiens ; 8% des collégiens de classe de sixième l’ont expérimenté ; leur nombre a presque quintuplé en classe de troisième (38%). C’est surtout entre les classes de cinquième et de quatrième que s’accélère la diffusion du tabagisme, qui passe de 14% à 26%. Cette diffusion s’accroît lors du passage au lycée, avec une expérimentation de 53%. En terminale 22% des élèves fument quotidiennement. Ce chiffre rejoint la moyenne nationale, ce qui montre bien que la prévention doit intervenir très en amont.

Plusieurs mesures législatives ou réglementaires indiquées ci-dessous doivent être prises et celles déjà prises doivent être réellement appliquées :

– intégrer une information et une prévention sur les dangers du tabagisme dans les programmes éducatifs, par une pédagogie précoce, étalée sur tout le cursus, depuis l’école primaire jusqu’au lycée (50% des élèves en classe de troisième ont déjà fumé) ;

               – accroître le prix du tabac pour qu’il atteigne un niveau dissuasif et même prohibitif pour les ressources usuelles des adolescents ; faire en sorte qu’il ne coûte plus au budget de la nation, son niveau de taxation actuelle ne couvrant que 40% du coût des soins engendrés par sa consommation ; aussi son prix actuel devrait-il être plus que doublé ;

               – faire scrupuleusement respecter l’interdiction de la vente aux mineurs par les buralistes ; verbaliser les contrevenants qui, en cas de récidive, pourraient être privés de leur licence. Plus de soixante-dix pour cent des lycéens fumeurs quotidiens déclarent acheter eux-mêmes leurs cigarettes chez un buraliste ;

               – prolonger la durée du séjour quotidien des élèves dans les lycées et collèges ; les intercours n’ayant plus lieu à l’extérieur, l’intervalle entre deux cigarettes successives s’en trouvera ainsi allongé ;

               -instaurer les facultés sans tabac, avec interdiction de fumer dans leur enceinte et, si possible, à l’entour ;

               – instaurer les hôpitaux sans tabac, tant pour les patients que pour les personnels. Dans le processus d’accréditation périodique de ces établissements de santé les actions déployées à l’encontre du tabac devront être particulièrement considérées ;  

               – faire respecter l’interdiction du tabac dans tous les lieux publics ;

               – mener la guerre aux jets de mégots (chaque année la ville de Paris collecte 350 tonnes de mégots), en verbalisant les contrevenants comme cela est prévu par la réglementation (68 euros) ; certaines villes ont institué des amendes plus dissuasives (450 euros à Nice) ;

               – interdire aux mineurs de fumer dans l’espace public, avec des contraventions acquittées par leurs parents, à qui un fascicule serait remis. Intitulé « Donner la vie impose sa protection ultérieure », ce livret rappellerait les risques sanitaires que fait encourir le tabac ;

               -interdire la vente de recharges de cigarettes électroniques associant à la nicotine des saveurs et des parfums destinés à rendre captifs les jeunes utilisateurs ;

               – interdire la vente de cigarettes électroniques et de leurs recharges aux mineurs ;

               -le service national de la jeunesse qui se met en place (à l’opposé de l’ancien service militaire qui a précipité dans le tabagisme une forte proportion de ses appelés) doit être aussi mis à profit pour détourner les jeunes recrues des drogues et des toxicomanies ;

               – doter les laboratoires de biologie des collèges et des lycées, ainsi que les clubs sportifs, d’appareils de mesure de l’oxyde de carbone (CO) exhalé pour détecter le tabagisme et expliciter les méfaits liés à ce CO ;

               – annihiler les menées de l’industrie du tabac qui, de longue date, associe cette drogue à des images valorisantes ; on y substituera l ‘énumération de ses multiples méfaits, insistant sur les modifications de la voix, du teint, la mauvaise haleine, la baisse des performances sportives, les défaillances de l’érection masculine, les perturbations de la grossesse et les déficiences des nourrissons qui naîtront, les risques cardio-vasculaires (infarctus du myocarde, artérites, accidents vasculaires cérébraux) ;

aggraver le caractère triste du paquet neutre et ses images dissuasives fortes ;

               – demander à des malades atteints d’un cancer du larynx ou des bronches, à un artéritique amputé d’une jambe, à une victime d’une broncho-pneumopathie obstructive (BPCO), d’exprimer publiquement leurs plaintes, leurs regrets, leurs recommandations ;

               – renforcer les propositions d’aide au sevrage tabagique en associant, pour épauler l’action des médecins généralistes, d’autres professionnels de santé (pharmaciens, infirmiers, kinésithérapeutes..) et assurer le suivi des patients engagés dans un processus de sevrage ;

– améliorer la prise en charge par l’Assurance maladie des diverses modalités thérapeutiques au service du sevrage et de son maintien.

Prochain Article : C – Agir contre l’alcoolisation de nos concitoyens, et en particulier des plus jeunes le 21 Juin