ENQUÊTE – 250 millions de pilules de cette amphétamine ont été saisies depuis janvier à travers le monde. Soumise aux sanctions internationales, la Syrie, qui la produit, est devenue un État narcotrafiquant.
Bachir, 26 ans, est «accro» au Captagon depuis qu’il a quitté le lycée, il y a huit ans. «Mes amis me répétaient que ça me rendrait heureux, et effectivement, j’étais euphorique, je me sentais plein d’énergie», raconte ce Jordanien, rencontré dans un centre antidrogue du quartier de Jabal Hussein, à Amman, la capitale, où 70 autres jeunes sont soignés. Bachir a ensuite ouvert une échoppe. «Je prenais deux comprimés chaque jour, dit-il d’une voix timide. Cela ne me coûtait que 5 dinars (7 euros environ).» En 2016, quand ses parents ont appris que leur fils se droguait, ils ont contacté le centre, où Bachir a suivi un premier traitement de plusieurs mois, avant d’en sortir et de rechuter. «Mes amis prenaient tous du Captagon, j’aurais dû m’en écarter.»
Aujourd’hui, Bachir veut rompre avec ce cercle vicieux. Dans la société traditionnelle jordanienne, les drogués sont stigmatisés. «Personne, dit-il, ne veut se marier avec mes sœurs, dès que leurs prétendants apprennent que leur frère prend du Captagon.» Pour ne pas les exposer davantage, leurs noms ne sont pas divulgués par le centre antidrogue ; et s’ils viennent eux-mêmes se faire soigner, ils n’encourent aucune poursuite judiciaire, alors que la loi punit de trois années de prison le consommateur ou le détenteur de drogue. «Le Captagon est à la fois meilleur marché et plus facile à acquérir que les autres drogues», explique Abdelrhamane Abdelkader, psychiatre au centre antidrogue de Jabal Hussein, qui souligne: «La consommation se diffuse à l’université, mais les trafiquants proposent aussi du Captagon dans la rue.»
À bas bruit, le Captagon fait déjà des ravages au Moyen-Orient et au-delà, 250 millions de pilules ayant été saisies dans le monde au cours des huit premiers mois de cette année. Une drogue de synthèse de la famille des amphétamines, vendue sous la forme d’un petit comprimé blanc estampillé d’un logo représentant deux demi-lunes. À l’origine, un médicament commercialisé en Allemagne à partir du début des années 1960, et interdit depuis. La Syrie en est le principal producteur, l’Arabie saoudite le principal consommateur, et la Jordanie et le Liban, les pays de transit. De la Bekaa libanaise aux confins de la frontière syrienne jusqu’au port saoudien de Djedda, Le Figaro a remonté le trafic de cette drogue, qui menace la jeunesse du Moyen-Orient.
«Captagon contre djihadistes»
Le premier rendez-vous est avec un homme d’affaires syrien, proche du pouvoir, rencontré au Liban. «On doit bien survivre, le monde entier nous impose des sanctions!», se défend-il, en référence aux très sévères mesures adoptées par l’Occident pour punir Bachar el-Assad de la répression sanglante de ses opposants, depuis 2011. «Pendant toutes ces années de révolte, l’Arabie saoudite et le Qatar nous ont envoyé des djihadistes dans l’espoir de faire tomber Assad, constate l’homme d’affaires. Maintenant, on leur envoie du Captagon, sourit-il. Nous avons une belle arme contre eux. C’est donnant-donnant.»
L’homme livre quelques détails sur l’origine du Captagon en Syrie. «On a commencé à partir des années 2013-2014. On envoyait la matière première aux djihadistes, qui en fabriquaient. À cette époque, j’ai vu un jeune dans un hôpital militaire de Damas avec une fracture ouverte au genou. Il rigolait, il avait pris tellement de pilules qu’il ne se rendait plus compte qu’il avait mal. Après, on a commencé à en fabriquer et à les envoyer» dans le Golfe, via la Jordanie.
Direction le nord du royaume hachémite, frontalier de la Syrie. 375 kilomètres de frontière, dans le désert parfois. Une zone de tout temps propice aux trafics en tout genre. Mais depuis qu’en 2018 Bachar el-Assad a repris le contrôle du sud de son pays, les trafics à travers cette frontière poreuse ont changé de nature. «Nous sommes désormais en guerre. Nous ne sommes plus confrontés à des trafiquants individuels mais à une véritable organisation», affirme au Figaro un haut responsable jordanien.
Le Captagon est caché dans l’arête de peignes qui sont expédiés aux barbiers en Jordanie ou en Arabie, dans des bouteilles d’huile d’olive maquillées d’un faux cul, ou dans des auberginesUn responsable jordanien
Le royaume n’est plus seulement un pays de transit: 20% environ de la drogue y parvenant est désormais consommée localement. La lutte contre le Captagon est devenue un enjeu de santé publique et de sécurité nationale.
De janvier à mai 2022, 19 millions de pilules de Captagon ont été saisies sur cette frontière. C’est autant qu’au cours de toute l’année 2021. Chaque jour, en moyenne, 13 opérations d’infiltration sont déjouées par l’armée jordanienne. Et il y a toutes celles qui ne le sont pas. Des opérations quasi militaires, de plus en plus sophistiquées. Équipés de lunettes de vision nocturne, les passeurs, agressifs et nombreux, recourent à des drones et parfois aux roquettes RPG.
Le 27 janvier au matin, un épais brouillard enveloppait la frontière, rendant les caméras de surveillance inopérantes. Du pain bénit: 160 assaillants dispersés en trois équipes sur une portion de 73 km le long de la frontière tentèrent de s’infiltrer lors d’une opération minutieusement coordonnée. L’armée jordanienne en tua 27. D’autres furent blessés, tandis que d’autres encore réussirent à fuir en Syrie.
«Tuez les passeurs!»
Quelques semaines après, le roi Abdallah se rendit à la frontière et ordonna à ses hommes de changer les règles du jeu face aux passeurs: «Éliminez-les!», y compris en pénétrant en Syrie, autorisa le roi, après la mort d’un officier dans des combats face aux trafiquants.
«Les passeurs sont devenus très créatifs», constate le responsable jordanien, en montrant des images de saisies de Captagon. Ils peuvent tout aussi bien dissimuler leurs pilules dans des camions franchissant la frontière par les points de passage officiels qu’à travers le désert, où se fait l’essentiel du trafic. «Ils en cachent dans l’arête de peignes qui sont expédiés aux barbiers en Jordanie ou en Arabie, dans des bouteilles d’huile d’olive maquillées d’un faux cul, dans des aubergines, à l’intérieur de blocs de béton destinés à la construction qu’il est difficile de détecter, même au laser. On en a aussi découvert dans l’arrière de la cabine des camions, et dernièrement dans des matelas. Le chauffeur de ces camions n’est pas toujours au courant», ajoute la source.
Les passages en force dans le désert sont plus dangereux. «Notre armée engage alors le feu», explique un officier, photo à l’appui. On y voit un petit camion qui a fendu les grillages le long de la frontière, l’arrière recouvert d’une bâche de camouflage couleur sable, avec à l’intérieur des comprimés, mais aussi des armes. «Cette fois, précise l’officier, c’était du Tremadal», une autre pilule d’amphétamines, dérivée du Captagon.
Nous avons des noms de trafiquants et de passeurs, issus de telle ou telle tribu, mais les gens qu’on arrête ne savent pas qui sont leurs vrais patronsUn officier jordanien
À partir de la région de Daraa, dans le Sud syrien, les passeurs descendent vers les villages de Bershya et d’Arabshaem, avant de franchir la frontière. «Ce sont les mêmes tribus de part et d’autre», explique l’officier. Une deuxième route part de la région druze de Sweida et la troisième, plus à l’est, du désert syrien de Badia et de la poche montagneuse de Lahja, où des Bédouins participent à la contrebande. Certains passeurs sont eux-mêmes sous l’emprise du Captagon. «On a arrêté un Syrien qui était très agressif, se souvient l’officier jordanien. Il a fallu trois jours pour qu’il récupère.»
À LIRE AUSSITrafic de drogue: comment la France s’est couverte de points de deal
Le 11 juin a eu lieu la dernière grande saisie: près de 900.000 pilules de Captagon et 150 blocs de marijuana. Blessés, deux des passeurs ont été arrêtés par les forces de sécurité jordaniennes. Les passeurs capturés finissent par parler. «Nous avons des noms de trafiquants et de passeurs, issus de telle ou telle tribu, mais les gens qu’on arrête ne savent pas qui sont leurs vrais patrons», ajoute l’officier.
Les grandes oreilles jordaniennes, elles, le savent: la 4e division de l’armée syrienne, les services de renseignements militaires syriens et le Hezbollah (leur allié libanais) sont les principaux acteurs du trafic de Captagon à partir de la Syrie, auxquels s’ajoutent des hommes d’affaires de mèche avec eux.
50% des jeunes Jordaniens sont au chômage
La 4e division est dirigée par Mahel el-Assad, le frère du président Assad. Elle est proche de l’Iran, qui dépêcha en Syrie des factions alliées pour sauver Assad à partir de 2013. «Il faut un appareil d’État pour coordonner ces attaques et produire autant de Captagon», souligne le haut responsable jordanien. «Les ateliers de production sont au-delà de notre frontière», ajoute-t-il, en dépliant une carte du sud syrien et une autre de la Syrie. Elles sont éloquentes.
La première montre la localisation des laboratoires de fabrication de Captagon, ceux de crystal meth – un autre psychostimulant en augmentation en Jordanie – et ceux enfin de production de marijuana. Ces ateliers de petite taille, installés dans des villas vides ou des hangars, seraient au total une cinquantaine, dont une majorité destinée à la production de Captagon dans la région rurale autour de Damas, dans le secteur montagneux du Qalamoun, le long de la frontière libanaise, autour de la ville de Homs et dans le pays alaouite, d’où est originaire la famille Assad. Un autre laboratoire est repéré près de Raqqa, l’ex-fief de Daech, et trois derniers près d’Alep, dans le Nord, non loin de la frontière turque.
Amman dispose d’images montrant des passeurs s’abritant dans des commissariats de police et se déplaçant à bord de véhicules aux mains de «certains éléments de l’armée syrienne». Sous-entendu: la 4e division de Maher el-Assad.
Un passeur peut gagner 1000 à 2000 dollars par opérationUn haut responsable jordanien
La seconde carte, du Sud syrien, zoome sur 73 points de production, de rassemblement et de contrebande. Vaste toile d’araignée couvrant la quasi-totalité de la région frontalière de la Jordanie, où 160 réseaux de trafiquants sévissent, selon Amman. «Face aux risques de plus en plus grands, avertit un diplomate arabe en Jordanie, les passeurs demandent de plus en plus d’argent: un passeur peut gagner 1000 à 2000 dollars par opération», dit-il, tout en s’interrogeant sur les contraintes qui entravent l’action des autorités jordaniennes.
«Les passeurs bénéficient de complicités au sein des tribus jordaniennes, affirme ce diplomate, qui suit de près le dossier. Et dans le gouvernement jordanien, des tensions existent aussi, ajoute-t-il. Il ne faut pas trop serrer la vis sur des tribus auxquelles l’État ne peut fournir de jobs.» Quelque 50% des jeunes Jordaniens sont au chômage.
Même si des agents des renseignements, soupçonnés de «toucher» sur les trafics, sont régulièrement arrêtés, l’État est, parfois, contraint à un certain laxisme. Issus de puissantes tribus, un député de Naour, au sud d’Amman, plante de la marijuana, au vu et au su de tout le monde ou presque, tandis qu’un autre originaire de Ramtha, dans le Nord, aux confins de l’Irak et de la Syrie, est notoirement connu comme trafiquant.
Laboratoires clandestins
«Des tribus bédouines en profitent», confirme un ancien du palais royal à Amman, qui raconte la mésaventure survenue il y a une dizaine d’années à son cousin, agent des renseignements militaires. «Il avait eu l’information qu’un chef de tribu du nord de la Jordanie allait recevoir de la drogue chez lui. Il envoya deux de ses hommes planquer en face de sa maison, pendant la nuit. Mais à l’aube, le cheikh, qui savait qu’ils étaient là grâce à ses contacts dans les renseignements, envoya un de ses gars auprès des deux espions. Il déplia devant eux un tapis de prière. Ce genre de message dans notre coutume est clair: “Vous êtes morts si vous recommencez!” Les agents ne sont plus revenus.»
La main sur le cœur, Cheikh Hachem Saffiedine, le numéro deux du Hezbollah, le jure depuis son bureau ultra-sécurisé de la banlieue sud de Beyrouth: «Le Captagon, c’est haraam (interdit) dans notre religion.» Le turban noir des seyyed – les descendants du Prophète – sur la tête, celui qui fait figure de successeur potentiel de Hassan Nasrallah, l’actuel secrétaire général du mouvement chiite pro-iranien, dément les rumeurs persistantes sur l’implication du Hezbollah dans la production et le trafic de Captagon au Liban.
Pourtant, jusqu’au début de l’année dernière, des laboratoires de fabrication – une vingtaine environ – existaient bel et bien dans la plaine de la Bekaa et le Hermel, deux régions où la milice chiite est puissante. Cultiver la drogue est une activité ancienne dans ces zones limitrophes de la Syrie. «Bien sûr qu’il y en a, confie un habitant du Hermel, rencontré à Beyrouth. Le relief montagneux est propice et les tribus surveillent les trafiquants. Mais il s’agit surtout de pilules de silvya, produites à base de feuilles de mloukhiyé asséchées auxquelles est ajouté un médicament. Ça sort en comprimé, ce n’est pas cher.»
Durant la guerre, le Hezbollah et d’autres groupes ont pris le contrôle de certaines infrastructures de l’industrie pharmaceutique syrienne, leur permettant de produire le CaptagonUne source au sein d’un service de renseignement au Moyen-Orient
En 2015, le général Adel Machmouchi, à la tête des unités antidrogue des Forces de sécurité intérieure libanaises (FSI), a démantelé un laboratoire de fabrication de Captagon à Choueifat, un quartier de la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah. «On est remontés jusqu’à un député du Hezbollah», confie-t-il. «Mais aujourd’hui, je n’ai pas de preuves de leur implication directe au Liban», ajoute-t-il prudemment.
La donne a changé au printemps 2021. Après les pressions exercées par l’Arabie saoudite, qui a suspendu les importations de fruits et légumes en provenance du Liban après avoir saisi plus de 5 millions de comprimés de Captagon dissimulés dans des cargaisons de fruits, Beyrouth a accru la pression sur les trafiquants. Des arrestations emblématiques ont eu lieu, notamment celle de Hassan Dekko, le «roi du Captagon», dans son village de Tfayl, peuplé de Libanais mais en territoire syrien, à cheval sur la frontière. Des pressions qui, par ricochet, ont rendu la frontière syro-jordanienne plus attrayante pour les trafiquants.
Au Liban, le Hezbollah est gêné aux entournures par la drogue. L’ancien ministre de l’Intérieur Ziad Baroud raconte: «En 2009, des responsables du Hezbollah sont venus me voir en me disant que les Forces de sécurité intérieure devaient être plus présentes dans la banlieue sud car, me confièrent-ils, nous avons des problèmes de stupéfiants. J’ai été agréablement surpris par ce changement de mentalité de la part du Hezbollah. Il faut dire que leur environnement direct est également touché» par la drogue. D’où l’exercice d’équilibriste auquel la formation chiite pro-iranienne se livre au Liban: «Le Hezbollah laisse faire les opérations des FSI ou de l’armée contre des trafiquants qu’il ne contrôle pas, notamment les grandes tribus de la Bekaa et du Hermel qui sont souvent aussi ses adversaires», affirme un intellectuel chiite. Selon cette source familière du Hezbollah, «celui-ci n’a pas les moyens d’arrêter tous les gangs liés au trafic au Liban».
Depuis l’an dernier, la plupart des laboratoires libanais auraient été transférés de l’autre côté de la frontière syrienne, régions où le Hezbollah est maître du terrain avec la 4e division de Maher el-Assad.
Jeunes Saoudiens accros
En Syrie, en revanche, l’implication de la formation chiite est claire. «Durant la guerre, le Hezbollah et d’autres groupes ont pris le contrôle de certaines infrastructures de l’industrie pharmaceutique syrienne, leur permettant, grâce aux machines saisies, de produire le Captagon», confie une source au sein d’un service de renseignement au Moyen-Orient. Résultat: en 2021, le trafic de Captagon a rapporté à ses promoteurs syriens et libanais plus de 5,1 milliards d’euros – et encore, sur la seule base des saisies à grande échelle, affirme un rapport du think-tank New Lines Institute -, contre 3,1 milliards en 2020.
La majorité de la contrebande est écoulée dans la très pieuse Arabie saoudite, où la jeunesse – 60% de la population – s’ennuie. Mais elle jouit désormais de divertissements, grâce à la politique d’ouverture du prince héritier et homme fort du royaume, Mohammed Ben Salman.
«Quand je passe près de concerts de musique à Riyad, je vois tous ces jeunes électrisés après s’être drogués», s’étonne un diplomate dans la capitale saoudienne. Mais, ici aussi, le sujet a longtemps été tabou. «Personne ne veut en parler, renchérit un étranger à Djedda, le port sur la mer Rouge. Pourtant, on dit que les centres de réhabilitation sont pleins, mais ils ne sont pas uniquement dédiés au Captagon, sinon les autorités devraient admettre qu’il y a un problème.»
Face au danger grandissant – 600 millions de pilules de Captagon interceptées au cours des six dernières années -, le pouvoir saoudien commence pourtant à sortir du bois, comme le montre une vidéo diffusée en mars dernier intitulée War on Drugs, où l’on voit sur fond de musique guerrière des hommes en armes luttant contre les trafiquants. Le mois dernier, les autorités ont annoncé la saisie de 47 millions de pilules d’amphétamines, dissimulées dans une cargaison de farine, au port sec de Riyad, la capitale, tandis que six Syriens et deux Pakistanais étaient arrêtés.
Ici aussi, le combat contre la drogue n’est pas récent, et il touche même des princes issus de la famille royale. En 2015, le prince Abdel Mohsen Ben Walid était arrêté à l’aéroport de Beyrouth avec 2 tonnes de Captagon dissimulées dans 32 paquets et huit valises, cachés dans son jet privé en partance pour Riyad. Il croupit toujours en prison. Il y a une quinzaine d’années, un hôpital pour princes «accros» à la drogue a été discrètement construit en Arabie saoudite, confie au Figaro l’ancien du palais royal à Amman. Mais depuis que MBS a de facto pris le pouvoir, les princes saoudiens ne peuvent plus rentrer incognito au pays. Leurs jets sont désormais fouillés par les douanes du royaume. Face à la drogue, l’heure n’est plus au déni.
Ecrire un commentaire