Par Eva LERAY
Boire de l’alcool n’est plus tendance, ou du moins c’est ce que tente de mettre en place, le « soberversary ». Sur les réseaux sociaux, anonymes ou pas, les gens n’hésitent plus à célébrer publiquement leur sobriété. Explications avec Catherine Simon, psychiatre addictologue.
Le « sans alcool » devient tendance et ce n’est pas pour déplaire aux professionnels de santé. Depuis plusieurs mois, sur les réseaux sociaux de nombreux internautes partagent et affichent publiquement leur sobriété vis-à-vis de l’alcool. Et cette nouvelle tendance à un nom : le « soberversary ». Venu des États-Unis, ce terme est la contraction de deux mots anglais : « sober » et « anniversary ». Soit un mot qu’on peut traduire en français par anniversaire de la sobriété. Anonymes ou célébrités, sur Instagram, TikTok et Twitter, les témoignages de personnes sobres se multiplient pour exprimer leurs fiertés de ne plus boire d’alcool, rapporte le quotidien régional La Dépêche du Midi .
Chrissy Teigen, mannequin et présentatrice de télévision américaine a partagé sa première année de sobriété dans un post Instagram publié le 18 juillet 2022. « Pas une goutte d’alcool en 365 jours ! Ça me manque parfois de me sentir légère et insouciante, mais pour être honnête vers la fin, je ne ressentais plus ces choses-là. Je buvais pour mettre fin à mon anxiété. »
« Sur le principe ce n’est pas nouveau »
Sur Twitter, une internaute a partagé le tatouage de son soberversary. Son post a reçu plus de 700 messages, pour la plupart encourageants et positifs. Une tendance plutôt bien accueillie par les professionnels de santé comme Catherine Simon, psychiatre addictologue., mais avant, fêter sa sobriété ça se faisait en petit comité souvent dans le cercle des Alcooliques anonymes, maintenant c’est rendu public et c’est important que ça le soit », souligne-t-elle pour l’édition du soir.
« Les gens qui arrêtent l’alcool sont fiers et ils ont raison de le revendiquer, ça participe à la dénormalisation de la consommation d’alcool », appuie Bernard Basset, médecin et président d’Addiction France, association nationale de prévention, d’accompagnement et de formation sur les addictions.
Si le soberversary revient mettre en avant un certain retrait de la consommation d’alcool, dès 2013, le « dry january » ou défi de janvier, en français, avait déjà remis en question la consommation d’alcool. Alcohol Change UK, organisme de bienfaisance britannique dont le but est de réduire les dommages causés par l’alcool avait lancé une campagne annuelle pour inciter des millions de personnes à ne pas boire d’alcool en janvier. Depuis, il est repris tous les ans à l’international. « Le défi de janvier peut convenir à tout le monde même à ceux qui n’ont pas de dépendance à l’alcool, assure à l’édition du soir, Bernard Basset. Et pour ces personnes-là on a aussi intérêt à réduire sa consommation. »
« La dénormalisation de l’alcool ne va pas assez vite »,
Si le soberversary et le défi de janvier permettent de prendre conscience des effets nocifs de l’alcool sur notre santé et de réguler notre consommation, « la dénormalisation de l’alcool ne va pas assez vite », regrette Catherine Simon.
Elle poursuit : « Le défi de janvier est soutenu par des collectifs et des associations mais pas par des instances gouvernementales qui soutiennent le mois sans tabac par exemple. » Pour rappel, cette opération de santé publique est menée chaque novembre en France pour encourager les fumeurs à s’arrêter.
En attendant, pour l’alcool, il faudra continuer de revendiquer sa sobriété assure la psychiatre addictologue : « Il faut oser dire qu’on a arrêté de boire, surtout quand on l’a bien vécu. »
Ecrire un commentaire