Pr. Jean Costentin

C’est du département de l’Eure (27), dont il s’agit ici.


Natif de sa vallée de l’Andelle, ce département depuis toujours m’intéresse. Mon père y exerça la Pharmacie d’Officine durant 50 années, puis passa le relai à ma plus jeune sœur.
Dans ma jeunesse je n’entendais jamais parler de drogues (quoique le village de 1.800 habitants comportait une quinzaine de « bistros », où l’alcool, coulant à flot, faisait des ravages).


L’officine paternelle ne fut jamais dévalisée, tandis que pendant les 25 années durant lesquelles ma sœur exerça, sa pharmacie fut cambriolée à trois reprises, avec à chaque fois une attention privilégiée pour « l’armoire aux toxiques ».
Revenant de temps à autres au village, ma sœur me désignait quelques jeunes, « le petit fils d’untel avec qui tu allais à l’école, le pauvret, il est cassé, détruit par les drogues ». Dans le cimetière elle me présenta deux ou trois tombes de jeunes, morts d’overdoses ou d’accidents sous l’empire de stupéfiants..


Ces éléments épars étaient anecdotiques, jusqu’à ce que le journal régional (« Paris Normandie » ;24 Nov. 2022) me fasse découvrir par la relation qu’en faisaient le Préfet, le procureur de la République , les services de Police et de Gendarmerie, l’atteinte de ce petit département rural de 600.000 habitants.


Sur l’année écoulée : 59 trafics démantelés ; 1150 amendes forfaitaires pour usage et revente de stupéfiants ; 2800 infractions routières liées à l’usage de stupéfiants, 3,4 millions d’euros d’avoirs criminels saisis.


Dans le département voisin (76) la maire (pas moins) d’une commune de 15.000 habitants vient d’être mise en examen pour complicité dans un trafic de stupéfiants.


Ceci n’est, sans doute, que la partie émergée d’un iceberg, bien plus important, mais invite en l’état à prendre la mesure du drame que vit notre Nation.