Six dirigeants sur dix ont déjà été confrontés à des problèmes d’alcool chez leurs employés, selon l’Observatoire français des drogues et toxicomanie.
La consommation de cannabis et de cocaïne chez les actifs est en augmentation. Quand l’addiction s’invite dans l’entreprise, les managers et chefs d’entreprises se retrouvent souvent démunis.
Trop d’informations, pas assez de temps, un quart des salariés souffrent de trop de stress au travail, ce sont les résultats d’une vaste étude menée auprès de 32.000 personnes. Conséquence, la consommation de drogue ou d’alcool augmente
Un portail internet anti-addiction vient d’être lancé par la mission interministérielle de lutte contre les drogues, destiné à aider les dirigeants d’entreprise qui ne savent pas comment agir.
C’est le cas de Valérie Jimenez, PDG d’une société de transport en Haute-Garonne qui s’est retrouvé dans la difficulté avec l’un de ses chauffeurs, accro au cannabis.
« Ce n’était plus la personne que l’on connaissait »
« Il avait eu plusieurs arrêts maladies parce qu’il avait des problèmes aux articulations. Il n’avait pas le moral et était beaucoup plus lent, ce n’était plus la personne que l’on connaissait », explique la cheffe d’entreprise.
« C’est un sujet encore tabou aujourd’hui, on parle rarement des addictions en entreprise. On se sent impuissant. On voit quelqu’un se détruire à coté de nous mais on n’a pas envie de le voir et on ne sait pas comment l’aider. Comme on se sent impuissant on a peur de mal faire et on ne fait rien ».
Pourtant, elle, a choisi d’agir. Et de ne pas fermer les yeux.
« Il y a 20 ans, je me serais dit que cela relève de la sphère privée de mes salariés, et que ce n’est pas mon rôle d’aborder ces sujets-là avec eux. Mais aujourd’hui, j’y suis très sensible. J’ai suivi une formation et je suis contente d’avoir appris à dire à quelqu’un que l’on s’inquiète pour lui. »
« Je pense avoir réussi à trouver les mots »
Valérie Jimenez prend alors la décision d’appeler son salarié, de discuter avec lui et de lui proposer de l’aide. « Je lui ai indiqué des psychiatres, je lui ai parlé d’une cure de désintoxication, et je pense avoir réussi à trouver les mots. »
A tous ces chefs d’entreprises, confrontés à ce problème, Valérie Jimenez conseille de ne « jamais fermer les yeux ». « Plus on parlera, et plus on aidera ces salariés qui souffrent d’addiction. Il faut ouvrir le dialogue. Et ce nouveau portail internet qui vient d’être lancé est une bonne chose. »
Huit dirigeants sur dix préoccupés
La consommation de cannabis et de cocaïne a fortement augmentée chez les actifs. Les français en activité fument davantage de tabac, consomment plus d’anxiolytique de somnifères et d’alcool que le reste de la population ; près de 19% des actifs ont connu un épisode d’alcoolisation dans mois contre 17% de la population générale.
Cependant les secteurs ne sont pas touchés de la même manière: on consomme plus d’alcool dans l’agriculture et la construction, plus de cannabis dans les arts et spectacles, plus de cocaïne dans la communication et la restauration et plus de tabac dans l’industrie et le commerce.
Huit dirigeants sur dix estiment être préoccupés par ces problèmes d’addictions au travail. Ils pointent des effets sur la productivité, l’absentéisme, les retards et les accidents du travail.