Emission en direct sur France Inter du mercredi 21/08/2019 (Autour de la table ce mercredi pour en parler, Jean-Paul Bruneau, président fondateur de l’Association Nationale E.D.V.O (Espoir du Val d’Oise), association œuvrant pour la réinsertion sociale et professionnelle de consommateurs de drogues, François-Michel Lambert, député de la 10ème circonscription des Bouches-du-Rhône, Fabrice Olivet, directeur de l’association Auto-Support des Usagers de Drogues (ASUD), et Marie Jauffret-Roustide, sociologue, chargée de recherche Inserm, co-coordinatrice
scientifique du programme de recherche « Drogues et Sociétés » à l’EHESS.)

Face aux autres intervenants pro-légalisation, j’étais seul détracteur pour apporter la contradiction ou pour rappeler le rôle éducatif de la sanction dans les conduites à risques des fumeurs de cannabis.

La pression médiatique actuelle pour faire accepter aux Français l’idée d’une légalisation de la production jusqu’à la consommation du cannabis, est dangereuse pour l’évolution de nos mœurs; les conseilleurs ne seront pas les payeurs quand les conséquences seront à prendre en charge dix à vingt ans plus tard comme pour le tabac. 80% de taxes sur le tabac ne suffisent pas à payer les conséquences du tabagisme donc, faire croire que les 2 milliards prélevés sur la vente du cannabis suffiront, reste du domaine de l’utopie.

Pour les non fumeurs, prendre soins de sa santé pour travailler plus longtemps et pour bien vivre, c’est aussi participer en payant plus d’impôts comme la CSG pour permettre «exemple, entres autres », à 120 000 héroïnomanes d’avoir leurs produits de substitution gratuits « au nom de la limitation des risques ».
Tout est bon pour neutraliser ce qui relève du bon sens comme la Loi EVIN, ou le code de la santé publique qui sanctionne le fait de présenter l’usage des drogues sous un jour favorable !

Inquiétant également de voir un Député comme François-Michel LAMBERT, militant écologiste, entraînant ses collègues députés pour faire l’apologie de la légalisation du cannabis; ceci, en ignorant les dérives actuelles de l’auto production de cannabis et sur les conséquences dans les 33 Etats Américains qui ont légalisé l’usage thérapeutique dont 11 jusqu’à l’usage récréatif (trafic parallèle persistant voir même en
augmentation faute d’approvisionnement suffisant, concurrence au moyen du DARKNET, accidents en progression, surconsommation en eau et en énergie,…) la culture du cannabis est devenue 1 ère cause d’assèchement des rivières en Californie (ça contribue aux incendies notamment dans la région des « Rocheuses » ; c’est la culture qui consomme le plus d’eau et d’électricité (1% de toute l’électricité des
USA) donc très mauvais pour notre écosystème… tout cela part en fumée en polluant les poumons inutilement et l’atmosphère, contribuant ainsi au réchauffement de notre planète !

Le manque de recul pour l’analyse des conséquences par rapport à cette politique de légalisation, n’est pas suffisamment pris en compte ; les expériences européennes non plus, cependant la politique de tolérance des Pays Bas (qui reviennent en arrière tardivement et maladroitement) a créé un modèle qui s’est exporté sur toute l’Europe ; la Belgique, la France et l’Espagne principalement.
En France, progression entre 2010 et 2018 des saisies d’herbe de cannabis multipliées par 7, passant de 4 Tonnes à 30 T à l’année ; 5 millions de Français ont fumé du cannabis en 2017, 1,5 million régulièrement, 5 à 6% sont auto-producteurs donc 210 000 environ pour 76 000 cannabiculteurs qui s’entraident au moyen des nouvelles technologies, utilisateurs des réseaux sociaux, adeptes des nouvelles
techniques et nouvelles variétés de cannabis pour produire du cannabis de plus en plus toxique pour le cerveau vu les teneurs en THC…
Il faudra beaucoup de gendarmes pour veiller sur la production légale contrôlée, taxée, et concurrencée, sans oublier le commerce de plus de mille produits de consommation comme la bière au cannabis ou la saucisse au cannabis vendue à Marseille (voir article ci-joint).
La complexité de ce phénomène de société où nos principes de précaution sont mis à mal, doit être prise sérieusement en compte par nos Politiques ; je vous mets en pièces jointes deux rapports publiés par l’OFDT (Observatoire Français des Drogues et Toxicomanies).

La récente législation répressive en France concernant l’usage (amende de composition immédiate pour l’adulte) n’a pas encore produit tous ses effets donc il y a lieu de retarder toutes initiatives favorisant la légalisation du cannabis, même si cela rapporterai, selon le Député LAMBERT, 2 Milliards d’euros (très hypothétiques) et la création de 50 000 emplois ! (en divisant par 10 c’est déjà exagéré mais c’est moins
grave que de prétendre que des fumeurs de cannabis sont mis en prison pour le simple usage).

Les économistes avertis pensent que les 2 « supposés » milliards sont bien faibles pour prendre en charge les problèmes de santé engendrés, (comme pour le tabac qui « tue lentement » prématurément 1 fumeur sur 2,  qui est cependant 7 fois moins cancérogène que le cannabis et qui ne modifie pas les comportements
ou les réflexes). Les dealers et usagers revendeurs dans nos quartiers dits prioritaires, n’iront pas d’avantage pointer au chômage car ils sont déjà multicartes ; avec la cocaïne qui nous arrivent de plus en plus (à 1 € le Gr en Colombie, à 3,50€ à notre frontière Guyanaise, livrée par tonne en Europe et dans nos cités à 20€ le Gr …)
+ les drogues de synthèse, tout cela ne peut que transformer dangereusement ce business de proximité (le cannabis restant la drogue d’amorçage).

J’ai longuement échangé après l’émission de mercredi avec Fabrice OLIVET, directeur d’ASUD, qui défend la liberté de consommer des drogues et d’en sortir ; il n’admet pas les intrusions musclées des policiers dans les quartiers, ciblant les usagers ! (Difficile pour lui de reconnaître que ces usagers interpellés sont bien souvent usagers revendeurs, guetteurs, rabatteurs ou livreurs). Il reconnait cependant que le
toxicomane est devenu une ressource non négligeable par le commerce de produits de substitution et les médicaments, trop facilement prescrits et beaucoup trop longtemps.

C’est vu par ceux que je reçois à EDVO comme une nouvelle forme d’esclavage sans le moindre respect pour le malade dépendant qui désire malgré tout arrêter. F.OLIVET regrette le manque de structures comme celle d’EDVO et aimerait le
développement des prises en charge sur le modèle que nous défendons.
Cependant, les usagers de drogues militant pour leur liberté de consommer via ASUD, ont souvent la parole pour valoriser leur point de vue sur ce phénomène de Sté ; nous regrettons toujours que les ex-toxicomanes comme ceux d’EDVO, (dont certains deviennent patients experts pour pouvoir prendre la parole), ne soient pas consultés pour participer à ce grand débat sur la légalisation du cannabis !

Les parents qui vivent les conséquences de l’usage du cannabis chez leurs enfants et chez leurs proches, ne sont pas d’avantage consultés ! L’avis de ces éducateurs de proximité au quotidien devraient être pris en compte pour les décisions qui touchent l’environnement de leurs enfants (un mineur ou jeune majeur reste vulnérable, influençable, et ne peut développer ses compétences psychosociales avec un cerveau
embrumé par la fumée de cannabis ; le THC « contenu dans cette fumée » se stocke dans les lipides protecteurs du système nerveux central (cerveau) sur 3 semaines avant d’être complètement évacué) !

Je pense qu’il nous manque un « Charles BEAUDELAIRE » en 2019; il connaissait suffisamment le cannabis (haschisch) pour écrire en 1857 «le haschisch annihile la volonté … le haschisch est isolant… le haschisch appartient à la classe des joies solitaires, il est fait pour les misérables oisifs…»
Le tabac « sans y ajouter le cannabis fumé », tue plus que les guerres, le sida et le paludisme réunis ; serait-ce utile pour l’avenir de notre planète ?
J’ai parfois l’impression de nager à contre courant ! Votre avis m’intéresse par retour mail…merci.
Jean-Paul BRUNEAU (jpbruneau1@gmail.com)