Ou la régulariser , sur le modèle du tabac , et de l’alcool ?
Le témoignage médical du Dr André Badiche , psychiatre des hôpitaux publics, professeur émérite de psychiatrie à l’Université de Rennes 1
1 . Les soins à l’hôpital
Au début des années 2000 , je travaillais au Centre hospitalier psychiatrique CHGR , et aux urgences du CHU de Rennes .
J’ai constaté une augmentation significative des jeunes présentant une psychose délirante aigue , beaucoup plus fréquente chez les fumeurs de joint , à base de cannabis , Ils ou elles manifestaient des troubles du comportement tels que l’hospitalisation en psychiatrie s’avérait nécessaire , souvent sans leur consentement , sur la demande de leurs parents , car ils étaient dans le déni de leurs symptômes graves .
Avec le recul des années passées , certains évoluaient vers la schizophrénie .
Les traitements médicamenteux psychotropes devenaient alors indispensables au long cours .
Une enquête faite en Nouvelle-Zélande ,chez 1000 jeunes suivis pendant 10 ans , montrait une augmentation importante de la prévalence de la maladie schizophrénique , à l’âge de 25 ans , chez les consommateurs de cannabis depuis l’âge de 15 ans , comparée à la prévalence de cette maladie , chez ceux qui n’en avaient pas pris .
Aux urgences du CHU on constate que le nombre des accidentés de la voie publique est beaucoup plus important chez les conducteurs qui absorbent : alcool + cannabis , que chez ceux qui prennent seulement de l ‘alcool , avant de conduire .
Des enquêtes épidémiologiques nationales ont été publiées , et donnent les mêmes résultats .
Des recherches en neuro-radiologie chez les jeunes fumeurs réguliers de cannabis montrent un retard du développement du cerveau pré-frontal .
Et la mesure du quotient intellectuel, chez les jeunes fumeurs de cannabis , met en évidence un retard de développement intellectuel , comparé au QI des non- consommateurs de cannabis .
2 . La prévention en milieu scolaire
J’en ai fait , à la demande d’infirmières , travaillant en collège et lycée
Les jeunes nous disaient : pourquoi voulez vous nous empêcher d’absorber ce qui nous rend « cool « ?
en leur demandant de préciser le sens de ce mot , ils nous disaient que cela leur permettait de ne plus sentir les émotions négatives , l’anxiété , face au stress . mais ils avouaient que ce produit chimique , issu d’une plante ou d’un produit synthétique , n’améliorait pas l’ambiance « récréative « des fêtes qu’ils organisaient .
J’ai aussi participé à des réunions dans des cafés de la ville , organisé par une conseillère municipale , il était très difficile d’argumenter ,face à des militants du plaisir par la chimie , récréative !
3 . La loi du 31 décembre 1970 , est elle répressive ?
L’article 1 de cette loi ,demande aux consommateurs de cannabis , appréhendés sur la voie publique , de se présenter à l’autorité sanitaire .
Seuls les trafiquants sont déférés à l’autorité judiciaire.
Une décision récente permet à la police de leur faire payer une amende , dans l’immédiat .
4 . Faut il rendre libre le commerce du cannabis , ou de ses dérivés, dont certains sont fabriqués de façon industrielle ?
Sur le modèle du Tabac : 70 OOO morts par an en France ?
Sur le modèle de l’alcool : 45 OOO morts par an sans compter les troubles psychiatriques ?
Et surtout , que pourrons nous dire en prévention des risques , si les représentants du peuple , les députés leur disent : allez -y , consommez ! si ça vous fait plaisir .
Le Canada a libéralisé la consommation de cannabis en 2018 et le nombre de fumeurs de cannabis et de tabac a augmenté .
Si on augmente l’offre , la consommation s’accroit , l’addiction des stupéfiants ( le cannabis , dont on extrait le T.H.C. ) est sans limite au niveau des neurones .
Et des firmes industrielles , qui en fabriquent de façon synthétiques , ont vu leur cote financière , à la Bourse augmenter de façon exorbitante .
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