Dimanche 5 Mai 2019, 10h sur Public Sénat,
La légalisation du cannabis
Pr. Jean Costentin

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Un débat sur le cannabis dit « thérapeutique » et sur la légalisation de cette
drogue, réunissait sur la chaîne parlementaire (LCP), outre un modérateur peu directif,
quatre débatteurs.

Dans le camp des tenants de la légalisation du cannabis : Esther Ben Bassa (sénatrice-Europe écologie les verts, franco-turco-israélienne) et Amine Ben Yamina (Algéro-Français, psychiatre, addictologue, récemment promu professeur, président de la Fédération Française des Addictions).

Face à eux madame Saintoyant qui représentait la Mission Interministérielle de Lutte contre les Drogues et les Conduites Addictives (MILDECA) et le professeur Jean-Claude Alvarez, pharmacologue, toxicologue, chef du laboratoire de toxicologie du CHU de Garches spécialiste des drogues et des produits dopants.
Madame Ben Bassa n’a manifestement rien appris depuis que son projet de loi de
légalisation du cannabis a été retoqué en 2014 par le Sénat. Ce rejet a économisé à notre pays un fort contingent de drogués et de malades psychiatriques supplémentaires.

Les aspects sanitaires ne la concernaient pas.
Cette omission était plus grave s’agissant de A. Benyamina, puisqu’il devait
représenter la valence médicale du débat ; or il a tout au plus admis quelques uns des
risques psychiques que fait encourir cette drogue.

A distance d’une culture pharmacologique et toxicologique, qui lui est manifestement étrangère, il s’est aventuré dans le domaine de la thérapeutique. Dans ce droit fil il avait déclaré il y a quelques mois (le Figaro) : « il faut laisser sa chance au cannabis thérapeutique ». Désolé, cher confrère, mais en médecine, ce n’est pas à un médicament qu’on doit laisser sa chance, mais au patient à qui l’on pourrait le prescrire, et à lui seul ! Sa récente promotion au titre de Professeur des Universités devrait le rendre plus prudent et circonspecte.

Usant d’une manip’ éprouvée, au service de la légalisation du cannabis, il le déguise en médicament pour, tel le cheval de Troie, le faire entrer dans la cité, sous les ovations d’une foule abusée et reconnaissante. Alors qu’il préside la Fédération Française des Addictions, on mesure le degré de contamination du monde de l’addictologie, et l’urgence, pour la puissance publique, de donner un coup de pied dans ce nid de frelons.

Face donc à ces deux idéologues, la représentante de la MILDECA, posément, avec
élégance, charme, rigueur, n’a rien exclu pour le futur thérapeutique de tel ou tel
constituant du cannabis, mais affirmé qu’en l’état des connaissances rien, hormis des
intérêts économiques qui ne prennent même plus la précaution de se dissimuler, ne
justifiait ces emballements médiatiques ; et de rappeler plusieurs des méfaits
psychiatriques du THC.
Dans la même tonalité que la représentante de la MILDECA, sans avoir eu un
temps suffisant pour s’exprimer, ni sans avoir bénéficié du silence de ses contradicteurs
qui voulaient étouffer son propos, le professeur Alvarez s’est appliqué à poser ce qui
aurait pu permettre un débat constructif. Il eut fallu d’abord distinguer une éventuelle
utilisation thérapeutique du cannabis de sa légalisation à des fins récréatives ; ensuite, si l’on voulait parler d’utilisation thérapeutique potentielle, il fallait de ne pas faire du
cannabis une entité pharmacologique, eu égard à la presque centaine de substances
cannabinoïdes qu’il recèle ; mais préciser de quelle molécule on parlait, afin d’en
préciser le rapport bénéfices / risques. Mais hélas la rigueur scientifique qu’il appelait
de ces vœux n’était pas au rendez-vous de cette émission. Les téléspectateurs n’ont donc rien appris, si ce ne sont les manips’ de ceux qui veulent légaliser cette drogue
dangereuse quoi que l’on veuille en dire.