Alcooliers et cigarettiers, un fric de dingue
La cigarette accueillant le joint de marijuana sur son manège : « Il est grand temps que tu me re-joint »
Absente de la grande presse, la vaste offensive des producteurs (avant tout américain) d’alcool et de tabac vise à affaiblir et abolir au niveau mondial cette horrible « prohibition » anti-drogue.
Cette prohibition règne évidemment avant tout dans les pays autocratiques, en particulier dans les pays membres des BRICS qui ne cessent de faire reculer la pauvreté en produisant de la nourriture et des biens industriels. Et là, où la « démocratie occidentale » l’emporte, soudainement l’engouement pour la drogue s’envole. Chacun ses valeurs, n’est-ce pas…En bleu, les pays qui légalisent le cannabis. En jaune ceux qui le légalisent pour usage thérapeutique. en rouge, les pays ou cela reste interdit. En Rose, pays où existe une certaine tolérance.
Suite aux pertes subies sur le recul de la consommation de l’alcool et du tabac, ils ont misé gros sur le « marché émergent » du cannabis où ils comptent se refaire une santé (financière) au détriment de celle de nos enfants.
Un article paru le 4 avril 2022 dans Open Secrets sur les activités de lobbying de l’industrie de la drogue rapporte :
Le géant des boissons (40 milliards de dollars) Constellation Brands [dont les principaux actionnaires sont les grands gestionnaires d’actifs Vanguard, Capital Group, State Street et BlackRock], a dépensé $240 000 en lobbying pour la légalisation de la marijuana. La société détient une participation de 36 % dans Canopy Growth Corp, qui a engagé deux lobbyistes pour un montant de $650 000, et a dépensé $180 000 pour engager K&L Gates, pour promouvoir la légalisation du cannabis au niveau fédéral. Sur son site Internet, Canopy se présente comme ‘une société de cannabis de premier plan au niveau mondial, dont l’objectif est de libérer le pouvoir du cannabis pour améliorer les vies’.
En 2021, poursuit Open Secrets, « les sociétés de tabac British American Tobacco et Altria Group ont dépensé près de $2,1 millions et $6,6 millions en lobbying, notamment pour la loi MORE (Marijuana Opportunity Reinvestment and Expungement) ».
Voyant passer la moitié des Etats américains à une forme de dépénalisation de fait, le géant Amazon.com, le 25 janvier 2022, s’est déclaré en faveur de la loi MORE et souhaite travailler avec tout ceux qui y sont favorables : « Nous sommes enthousiasmés par l’élan notable dans le pays pour reconnaître que le statu quo actuel est injuste et intenable. Nous sommes impatients de travailler avec le Congrès et d’autres partisans pour obtenir la réforme nécessaire des lois nationales sur le cannabis ».
Philip Morris, Altria, Marloboro et InBev
A propos de cette métamorphose du lobby de l’alcool et du tabac en lobby du cannabis, un article de Forbes intitulé « How Tobacco Giant Altria Is Becoming A Cannabis Company » (Comment le géant du tabac Altria devient une entreprise de cannabis) avait déjà tiré la sonnette d’alarme en février 2021.
Derrière le nom sympathique Altria (acronyme qui résonne comme le mot altruisme) se cache depuis 2003 le fabricant américain des cigarettes Philip Morris et Marlboro, avec près de 23 milliards d’euros de chiffre d’affaires, le plus grand cigarettier du monde. Altria détient également une participation de 10 % dans le géant mondial de la bière Anheuser-Busch InBev.
Les principaux actionnaires d’Altria sont une fois de plus les géants de la gestion d’actifs : Capital Group (14,75%), Vanguard Group (7,89%), State Street (3,78%) et BlackRock (2,16%). Ils sont connus comme The Big Three et « chassent en meute ».
Cet oligopole, en détenant entre 15 à 20 % des principales entreprises cotées à la bourse de New York et de Paris, tient la haute main sur le complexe militaro-industriel, les grandes banques, les agences de notation, la grande distribution, les médias, etc. Hier, ils nous ont inventé la « Finance Verte », mais tout comme la Mocro-mafia aux Pays-Bas en bas de l’échelle, ils semblent avant tout accros aux gros rendements financiers.
En avril 2019, le site financier The Motley Fool annonçait : « L’industrie de la marijuana est pleine d’enthousiasme, et la performance récente des actions de cannabis le prouve. Jusqu’à mercredi dernier, le 20 mars, l’ETF Horizons Marijuana Life Sciences, le tout premier fonds négocié en bourse (tracker) spécialisé dans le cannabis, a gagné 67 % depuis le début de l’année, ce qui a fait exploser toutes les autres industries et le S&P 500 au sens large ».1970 : mémo interne du patron de Philip Morris.
Forbes note que le processus a passé un cap :
Les rumeurs d’un coup d’Etat du Big Tobacco pour s’emparer de l’industrie du cannabis ont tourbillonné pendant des années dans les cercles de la légalisation de la marijuana et de l’industrie du cannabis. Et maintenant, il semble que cela se produise, bien que lentement, au grand jour, et sous une forme similaire à d’autres techniques des grandes entreprises : acquisition, propriété intellectuelle et lobbying pour une réglementation favorable.
Dès 1970, dans un mémorandum interne sur le cannabis, George Weissman, président de Philip Morris, avait écrit :
Bien que je sois opposé à son utilisation, je reconnais qu’il pourrait être légalisé dans un avenir proche […] Ainsi, sous ces grands auspices, nous devrions être en mesure d’examiner : 1. Une concurrence potentielle, 2. Un produit possible, 3. Pour le moment, coopérer avec le gouvernement.
Plusieurs opérations d’Altria indiquent sa conversion en cannabusiness :
- En 2016, Philip Morris a investi $20 millions dans Syqe Medical, une entreprise israélienne qui développe un inhalateur de cannabis médical. Il s’agissait du deuxième plus gros investissement dans le cannabis en 2016 ;
- Altria a dépensé $1,8 milliard en décembre 2018 pour une participation de 45 % dans Cronos Group, avec $125 millions de chiffre d’affaires, l’une des premières grandes multinationales du cannabis légal basée au Canada ;
- En février 2020, Altria a déposé deux demandes de brevet pour des dispositifs de vaporisation spécifiquement conçus pour le cannabis et a acquis une participation de 35 % dans le producteur de cigarettes électroniques Juul Labs pour $12,8 milliards le 20 décembre 2018.
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