
Le nombre de mineurs se retrouvant à l’hôpital après avoir fait une intoxication au cannabis a considérablement augmenté depuis la légalisation de cette drogue au Canada l’automne dernier.
Le centre de traumatologie de l’Hôpital de Montréal pour enfants (HME) a traité 26 cas pour intoxication ou usage du cannabis depuis l’entrée en vigueur de la loi légalisant la marijuana au pays, le 17 octobre dernier.
Parmi eux, neuf étaient âgés de moins de sept ans. À titre de comparaison, l’hôpital traitait un enfant de ce groupe d’âge pour intoxication au cannabis tout au plus tous les trois ans avant la légalisation.
« Dans [le cas des plus jeunes], c’est souvent accidentel. Les parents font des brownies ou des biscuits au pot et laissent ça traîner sur le comptoir de cuisine ou dans le frigo. Mais un enfant qui passe par là, son réflexe, ça va être d’en prendre sans se poser de questions », explique l’urgentologue et toxicologue au HME Dominic Chalut.
Même constat au Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine, à Montréal. Les intoxications au cannabis, qui s’élevaient à deux par année entre 2013 et 2016, sont passées à cinq en 2017-2018, pour finalement grimper jusqu’à 11 en 2018-2019.
Du côté de la capitale nationale, le centre antipoison de Québec a également enregistré un nombre d’appels plus élevé concernant des intoxications au cannabis depuis sa légalisation. « Il est difficile de déterminer s’il y a plus d’expositions ou si les gens se sentent plus à l’aise de nous appeler, mais nous avons répertorié 15 cas chez des enfants âgés de moins de cinq ans depuis le 6 février 2019 », précise Maude St-Onge, directrice médicale du centre.
Appel à la prudence
Elle estime nécessaire de rappeler aux consommateurs que le cannabis est « une substance psychoactive qui doit être placée hors de la portée des enfants, et ce, même lorsque le cannabis est dans son contenant original. »
« On ne laisse pas traîner des médicaments sur le comptoir, ça devrait être pareil avec le cannabis », renchérit le Dr Dominic Chalut, du HME, appelant les parents — et l’ensemble de la population — à faire preuve « d’extrême prudence ».
Le médecin fait remarquer que les effets du cannabis sont « considérables » sur les enfants. En raison de leur petite taille et de leur poids léger, ils sont plus vulnérables et ressentent d’autant plus les effets de cette drogue.
Étourdissements, perte d’équilibre, vomissements, anxiété sont les symptômes les plus courants. « Certains ont même du mal à respirer assez rapidement, ou à l’inverse ils sont très agités », raconte-t-il.
Dans des cas plus graves, les enfants ont subi des convulsions et ont dû être hospitalisés à l’unité de soins intensifs pédiatriques.
Inquiétudes
La situation est d’autant plus inquiétante, selon le Dr Chalut, que les produits comestibles de cannabis — croustilles, muffins, boissons, bonbons — seront mis en vente dès octobre prochain. « Il faut protéger nos enfants de ce type de produits. Mais surtout, comme société, on devrait se demander : voulons-nous vraiment que des drogues psychoactives se retrouvent dans des aliments inoffensifs et attirants comme des bonbons ou des biscuits ? » laisse-t-il tomber.
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